En France, la redistribution, c'est sacré
Publié le :
10/09/2015
10
septembre
sept.
09
2015
Ecarter d'avance toute possibilité de prestation compensatoire en s'abritant derrière une loi étrangère qui le permet, n'est pas valable devant le juge français.
Mieux vaut donc dans ce cas, pour celui qui souhaite y échapper, introduire son action en divorce ailleurs qu'en France.
Les avocats connaissent bien les maris qui prennent la précaution d'introduire leur action en divorce dans un pays du Maghreb, un peu moins ceux qui le font (ou plutôt auraient dû le faire) en Allemagne.
En l'espèce, un couple s'était marié outre-Rhin, en y signant un contrat de mariage qui excluait "toute autre prestation compensatoire selon le droit allemand ou tout autre droit". Eh oui, ce qui paraît incontestable, inévitable, universel au pays de Superdupont ne l'est pas tant que ça, aux yeux d'autres nations, Non, curieusement, on ne considère pas, partout dans le monde, qu'il découle du bons sens le plus absolu de se délester de l'équivalent de 6 mois de salaire auprès de son conjoint quand on s'en sépare (en plus de la question de la pension alimentaire). Certains pays étrangers considèrent que c'est complètement fou (est-ce vraiment eux les fous?). D'autres, aussi, vont parfois plus loin dans les sommes.
Toujours est-il que les époux ayant ensuite déménagé en France, le juge français s'était - logiquement - reconnu compétent lorsque l'action en divorce avait été introduite devant lui. Et s'il y avait bien lieu d'appliquer le droit allemand que s'étaient choisi les époux, il n'y avait en revanche pas lieu, selon la Cour de cassation (Civ 1, 8 juillet 2015, 14-17880), d'aller aussi loin que la Cour d'appel de Metz, qui avait étendu les effets de cette application jusqu'à écarter la prestation compensatoire.
En effet, le Protocole de la Haye du 23 novembre 2007 sur les obligations alimentaires, prévoit que "l'application de la loi... peut être écartée... dans la mesure où ses effets sont manifestement contraires à l'ordre public". Or la prestation compensatoire, en France, c'est tellement fondamental, que c'est de l'ordre public.
Transiger sur ce point au cours du divorce, comme on peut le faire dans le cadre d'un consentement mutuel, c'est possible, puisque les deux restent d'accord à ce moment là. Mais le faire avant que toute procédure en divorce ne soit engagée, en méconnaissance du fait que peut-être, à ce moment là, les époux ne seront plus d'accord là dessus, alors non, ce n'est pas possible.
Historique
-
Enrichissez vous !
Publié le : 16/09/2015 16 septembre sept. 09 2015Droit de la familleA rebours de la plupart des exemples donnés par la jurisprudence, voici un époux qui a pu prospérer sans passer à la caisse au moment du divorce, et faire sien le l'invitation de Guizot. Il ne s'agit peut-être que d'une victoire temporaire, la cassation (Civ 1, 8 juillet 2015, n° 14-20480) éta...
-
En France, la redistribution, c'est sacré
Publié le : 10/09/2015 10 septembre sept. 09 2015Droit de la familleEcarter d'avance toute possibilité de prestation compensatoire en s'abritant derrière une loi étrangère qui le permet, n'est pas valable devant le juge français. Mieux vaut donc dans ce cas, pour celui qui souhaite y échapper, introduire son action en divorce ailleurs qu'en France. Les avoc...
-
Comment passer pour un baron du 9-5
Publié le : 28/05/2015 28 mai mai 05 2015Droit pénalMieux vaut tomber sur un magistrat qui a l'oeil quand on commerce des stupéfiants "en petite quantité" et qu'on se retrouve au milieu d'un dossier un peu plus gros... Sans faire du physionomisme criminologique bon marché, mon client a l'air malin, avec sa tête de premier de la classe, au milie...
-
Tout ça pour ça
Publié le : 23/11/2014 23 novembre nov. 11 2014Droit civil / Procédure civileUn conseil si vous êtes défendeur : soulevez n'importe quelle connerie en incident de procédure, vous n'aurez rien à perdre, le Juge de la mise en état français est vraiment bon prince (pour rester respectueux) Oui, parce qu'il ne s'étonne même pas que le défendeur puisse faire ainsi perdre un...
-
Le Juge aux affaires familiales doit... travailler avant de décider de transférer un bien immobilier d'un époux à l'autre à titre de prestation compensatoire
Publié le : 15/10/2014 15 octobre oct. 10 2014Droit de la familleLa CEDH exige que le juge vérifie d'abord si la prestation compensatoire peut être acquittée par d'autres moyens, avant d'y aller ainsi "en force". Et des moyens, il y en avait. L'arrêt de la Cour de Strasbourg (10 juillet 2014, n° 4944/11) note bien qu' "il ressort des différentes décisions...
-
Amélioration civile et surtout pénale de la lutte contre les violences conjugales
Publié le : 05/10/2014 05 octobre oct. 10 2014Droit de la familleLa loi n° 2014-873 du 4 août 2014 ne vise pas une révolution, mais contient des dispositions techniques, d'importance diverse. Sur le plan civil, elles confirment la place de l'ordonnance de protection. Au niveau du champ d'application, le danger, critère d'intervention de cette procédure,...
-
Du divorce low cost au divorce carrément cheap
Publié le : 23/09/2014 23 septembre sept. 09 2014Droit de la familleLa baisse des prix a du bon, jusqu’à un certain point. Je suis une profession libérale et j’assume : je suis convaincu que la concurrence et la circulation de l’information possèdent davantage d’aspects positifs que négatifs. Je pense que les citoyens ne se portent pas plus mal que du temps ou...
-
Et que se passerait-il si les radars de la sécurité routière flashaient Conchita Wurst ?
Publié le : 01/09/2014 01 septembre sept. 09 2014Droit pénalQuand le titulaire de la carte grise est une femme et que la photographie prise par le radar montre un homme, normalement, ça devrait aller. Le juge de proximité de Limoges avait eu la dent dure contre cette propriétaire de véhicule, qui avait cru que les débats pourraient s'arrêter là en fais...
-
Une CRPC décidément pas comme les autres
Publié le : 24/03/2014 24 mars mars 03 2014Droit pénalIl arrive que le Procureur abandonne carrément les poursuites. Suite à l’ « échec CRPC » (comme on dit dans le jargon judiciaire) du 21 octobre 2013, j’avais indiqué à mon client, comme d’usage dans cette hypothèse, qu’il fallait désormais attendre la convocation à une audience du circuit dit...